VI La place du plaisir dans la société

Publié le par michel baran

Avec le désir (qu’on peut assimiler à l’instrument de travail) lorsqu’on entreprend de le satisfaire, la récompense (salaire) commence déjà à être très concrètement touché (lorsqu’on mange un bon plat, le plaisir n’est pas seulement lorsqu’on l’a fini, il est dès la préparation du plat pour ceux qui aiment cuisiner, ou la première bouchée pour les gourmets et gourmands). C’est déjà une logique antiéconomique ; mais il y a pire. Le bon plat qu’on mange peut être assimilé à l’instrument de travail (une pelle qui comble le fossé du désir/plaisir, or lorsqu’on a fini de travailler (manger) l’instrument (le plat) est naturellement détruit (mangé). Seconde atteinte aux lois économiques. Dans cette perspective de rupture de la logique économique, je ne vois pas en quoi il serait raisonnablement plus scandaleux d’apprendre aux personnes à se servir de leurs corps pour avoir, et donner du plaisir sexuel. Cependant bien que le sexuel soit aussi intense et indispensable à l’humain (ou à cause de cela) a mauvaise réputation. Le fait de le pratiquer très longtemps, très souvent, seul ou en groupe, selon certaines façons marginales, ferait de l'adepte de ce plaisir un vicieux immoral. La plupart part des religions actuelles bornent la sexualité à la production d'enfants, le plaisir est regardé comme un à côté plus ou moins honteux que l'on doit pudiquement taire, comme est tue la place du plaisir dans la société . Mais aucun plaisir s’il est licite n’est condamnable ni honteux ; Il est non seulement l’essence de la vie (même si cette essence est réprimée par la politique et la religion (qu’elle soit ou non dévoyée) : intégrisme, bombes humaines, mais il est indispensable à la persévérance de la vie ainsi que je l’ai montré au chapitre II en imaginant une prison où tous les plaisirs seraient impitoyablement interdits et pourchassés. Je ne reprendrais pas l’analyse faite au second chapitre dans une note ; sa substance ‘est que plus un plaisir est subtil, plus il faut d‘argent pour y aller et en jouir. Cette cherté des places de concerts ou théâtres fait partie inconsciemment et inclusivement de la répression du plaisir en réservant ces spectacles à la bourgeoisie, c’est-à-dire aux détenteur du pouvoir économique et culturel parce que ce sont précisément ceux qui ont le pouvoir économique qui d’une part ont les moyens de donner une bonne éducation qui fait une large place aux choses de l’esprit passées et présentes et d’autre part ont le temps d’aller à ces spectacles. Les raisons de cette situation sont simples : ces personnes ont du temps, soit parce quelles ont un métier peu fatiguant intellectuellement et physiquement, soit qu’ils sont spéculateurs en bourse, qu’ils aient une fortune personnelle. La conséquence de cet état de fait est de diviser la population en deux couches ! L’une extrêmement fine : ceux qui savent (qui peuvent jouir de Sophocle, Lulli et Delacroix) l’autre massive, qui ne connaît rien (ou presque) de l’héritage culturel de l’humanité, et pour qui rien est fait pour qu’elle y accède. L’enjeu de l’accession à la culture est d’une importance capitale. Il maintient hiérarchie sociale fondée sur le pouvoir économique en limitant l’accès aux instruments de critique sociale que sont d’une part la connaissance des philosophies, d’autre part celle des théories sociologiques. L’organisation scolaire porte évidemment une lourde responsabilité parce qu’elle compartimente les savoirs. Pourquoi par exemple ne pas faire des dictées sur la base de textes de Socrate, Spinoza ou Sartre ; de Durkheim, Mauss où Weber ? Il est faux de penser que toutes ces personnes n’emploient que des mots difficiles, et si par hasard il y en a, on les explique. Pour s’assurer de la bonne compréhension de ces textes on peut tout à fait faire les analyses grammaticales sur eux cela ferait vraiment une école élitiste et populaire sans aucun esprit élitiste ni démagogique et ferait de notre peuple l’un des plus cultivé du monde (ceci signifie qu’avant de jouir de la culture il y a une ascèse à subir et que l’école en est le lieu ). Est-il besoin d’insister sur le caractère libérateur de cette ascèse : D’une part parce que elle forme la base de tout raisonnement droit en ce sens qu’elle donne une mémoire, une jurisprudence, une prudence même, applicable dans certaines situations. D’autre part cela impose aux jeunes esprits qui n’ont pas encore pris de mauvaises habitudes mentales, de saines pensées que nous n’aurons pas à redresser une fois qu’ils seront adultes.

Publié dans MES OEUVRES: L

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article