3) SENTIMENTS ET PRATIQUES SEXUELLES

Publié le par michel baran

Il est couramment  admis dans de larges secteurs de la population que le fait d’avoir un travail artistique ou intellectuel aide à sublimer l’énergie sexuelle ; je pense que cette idée reçue est infondée parce que les pulsions peuvent être en elles-mêmes incontrôlables. Le fait de peindre, de décrire un corps, le fait d’analyser des concepts, idées, situations, ne transforme plus les pulsions dans la société actuelle où l’image du corps à demi dénudé est omniprésente, la religion n’étant plus assez prégnante pour  imposer une morale ou des comportements de continence sexuelle. Pour que la sublimation réussisse, il faut impérativement que ce qui récompense la continence (hier le paradis) soit aussi craint que ce qui déshonore [1] (hier purgatoire et enfer, aujourd’hui la prison, à condition d’être pris), et soit aussi fort (et immédiat) que les satisfactions dues à l’acte sexuel.

Pour pouvoir fonctionner, la sublimation doit s’inscrire dans un milieu où il y a une part de peur (voire de terreur) et une gratification extrême de la création artistique ou  intellectuelle. La peur étant hier celle de l’enfer, aujourd’hui jusqu’à un certain point celle du sida, encore qu’en occident depuis l’apparition de la trithérapie cette peur se soit nettement amoindrie.

L'homme et la femme sont égaux mais différents (on escamote trop souvent cette réalité au nom de l’égalité) sur le plan physique et psychologique. L’homme a un besoin sexuel plus intense que la femme. Si la femme est bien élevée son désir est moins grand[2] ..  Chez la femme le besoin d’amour est plus important, continu et psychique; il se peut que la femme voie en l'homme le père de ses enfants et seulement après son mari, alors que chez l'homme c’est l'inverse ; la sensualité disparaît devant l'amour maternel pendant une certaine période. Je ne suis pas certain que les propos de  Krafft-Ebing ne soient pas connotés par l’époque où il vécut. Je ne pense  pas que la femme ait moins de satisfactions sexuelles après la maternité ; il faut tenir compte de l’ambiance  morale de l’époque où  fut rédiger l’ouvrage ainsi que de ce qu’ont pu penser les femmes avant de répondre. De nos jours la femme a de  multiples sollicitations professionnelles et de détentes. Il me semble que cet état de choses fait que les femmes ont  une psychologie beaucoup moins intériorisée et qu’elles délaissent le « domaine du sentiment[3]  » pour investir celui du social (où elles veulent se comporter comme les hommes). Elles s'intéressent à leur indépendance, à leur travail et à leur plaisir. (Bien qu’il y ait de réels problèmes qu’il ne faut pas mésestimer, je crois que la pénurie d’infirmières confirme cette assertion). 

La sexualité est à ce point constitutive de l’homme que « la perte de la virilité » (bien qu’il ne soit question de virilité, il n’est pas douteux que ce terme est utilisé comme synonyme de sexualité) rend morose, triste et envieux ; elle peut conduire au suicide.[4]  . Ce qui démontre que la sexualité va bien au delà de la procréation de nouveaux êtres et qu’elle a une incidence, donc un rôle  psychologique fondamental sur l’humain. Partant de cette constatation, je vois mal comment la femme échapperait à la tyrannie des pulsions sexuelles.



[1] Il fut un temps où la virginité était honorée pour les deux sexes (un peu plus pour les femmes).

Aujourd’hui l’idée même que la femme veuille rester  vierge jusqu’au mariage parait incongru  et risible. Quant à passer toute sa vie dans un état virginal, seuls les moines et les moniales peuvent l’envisager sérieusement. D’autant que comme le remarque Krafft-Ebing il y a un changement de moeurs car les liaisons hors mariage ne sont plus aussi blâmables aux yeux des filles. (Les prêtres séculiers revendiquent de plus en plus fortement la possibilité d’exercer normalement la fonction sexuelle).  La société est organisée de façon à ignorer la continence (pour  ne pas dire qu’elle est organisée de manière à la combattre).

[2] PSYCHOPATHIA  SEXUALIS »  Auteur : Krafft-Ebing profession : professeur de psychiatrie P 24)

[3] Le « domaine du sentiment » va de l’amour pour son mari et les enfants au dévouement des bénévoles, des institutrices,  infirmières ; jusqu’à celui  de Sainte Thérèse de Lisieux qui priait pour sauver l’âme d’un condamné à mort (Pranzini qui avait toujours refusé de se confesser embrassa la croix sur l’échafaud après les prières de Thérèse). « Thérèse de Lisieux, une vie d’amour » P 73/74 par Chalon, édition « livre de poche)

[4] PSYCHOPATHIA  SEXUALIS »  Auteur : Krafft-Ebing profession : professeur de psychiatrie

Publié dans MES OEUVRES: L

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