HISTOIRE DES KURDES

Publié le par michel baran

Kurdes, peuple d’Asie occidentale, d’origine indo-européenne, habitant, pour la majorité, les montagnes du Taurus oriental et le mont Zagros.

 

La population kurde, qui parle une langue appartenant à la branche iranienne occidentale des langues indo-européennes, est estimée à 16 millions de personnes. Plus de 7 millions de Kurdes vivent en Turquie, 6 millions en Iran, plus de 2 millions en Irak, environ 500 000 en Syrie. L’Arménie et l’Azerbaïdjan comptent quelque 300 000 Kurdes.

 

Les Kurdes, dont les origines demeurent mal connues, apparaissent dans l’histoire entre le Xe et le XIe siècle. Musulmans, ils adhèrent pour la majorité au sunnisme chafiite, des minorités se réclamant cependant du chiisme, des mouvement sectaires alévi ou yezidi (les Yezidi conservant des croyances antéislamiques), voire du christianisme.

 

Peuple nomade ou semi-nomade, en partie sédentarisé, les Kurdes vivent dans de petits villages dont les maisons sont bâties en briques crues, de l’agriculture et de l’élevage de troupeaux d’ovins, qu’ils emmènent l’été en transhumance. Très attachés à leurs traditions, liés par des réseaux d’allégeance de type clanique et dotés d’une conscience communautaire forte, les Kurdes ont constamment lutté contre le découpage de leur territoire et contre la domination politique des États de la région.

 

Durant les invasions turco-mongoles, une partie d’entre eux migrent jusqu’en Anatolie occidentale. Les Kurdes sont cependant soumis par les Seldjoukides au XIe siècle et intégrés à l’Empire ottoman au XIVe siècle. La puissance guerrière de la dynastie kurde ayyubide, fondée par Saladin, et qui règne sur la Syrie et l’Égypte aux XIIe et XIIIe siècles, ne permet pas au peuple kurde d’obtenir un État. Dans la Perse safavide, les Kurdes sont déplacés au Khorassan, à la frontière du Turkménistan et de l’Afghanistan.

 

En 1920, le traité de Sèvres, signé par les Alliés avec la Turquie, prévoyait la création d’un État kurde indépendant s’étendant sur le territoire de l’actuelle Turquie et de la province de Mossoul, devenue irakienne en 1925. Mais, dès 1923, le traité de Lausanne annule cette disposition, aux lendemains de la révolution de Kemal Atatürk, qui réprime violemment les soulèvements kurdes de 1925, 1929 et 1937.

 

En 1946, une république kurde indépendante, dirigée par Qazi Muhamed, est créée à Mahabad, en Iran, avec le soutien de l’Union soviétique. Elle est réduite en 1947 par le gouvernement iranien appuyé par les forces britanniques. En 1932, 1943 et 1945, des soulèvements kurdes ont eu lieu en Irak, et sont, de même, réprimés avec le concours de l’aviation britannique.

 

Les régimes irakiens, iraniens et turcs ont constamment balancé entre répression et tentatives d’assimilation. En 1970, après neuf ans de guerre menée par le Parti démocratique kurde (PDK) dirigé par Mustafa Barzani, ancien dirigeant de la république de Mahabad, le gouvernement irakien négocie la création d’une région autonome kurde dans le nord-est de l’Irak. Après l’échec des négociations, la guerre se poursuit, alimentée par l’Iran, qui, en même temps qu’il refuse toute concession aux Kurdes iraniens, aide le PDK. La rébellion prend fin en 1975 lorsque l’Iran retire son soutien aux Kurdes, après avoir passé un accord avec l’Irak sur la frontière du Chatt al Arab. En 1988, après l’accord de cessez-le-feu mettant fin à la guerre Iran-Irak, le régime de Saddam Hussein veut réduire la rébellion kurde, recourant même aux armes chimiques. Des milliers de Kurdes périssent, et des centaines de villages kurdes sont détruits par les troupes irakiennes. En mars et avril 1991, peu de temps après la guerre du Golfe, les populations kurdes d’Irak sont de nouveau la cible des forces armées irakiennes. L’exode massif des Kurdes fuyant les bombardements entraîne la réaction des pays occidentaux, qui créent, au nord de l’Irak, des « zones refuges » sous mandat de l’Organisation des Nations unies (ONU). La situation des Kurdes demeure précaire, alors que les dissensions entre le PDK et l’Union patriotique du Kurdistan (UPK) dirigée par Jalal Talabani se sont accrues.

 

En Iran et en Turquie, où les Kurdes irakiens ont été nombreux à fuir, la population kurde se voit toujours refuser une véritable reconnaissance. Depuis 1993, la Turquie, qui a par ailleurs servi de base aérienne aux avions occidentaux pour l’opération de soutien humanitaire au Kurdistan irakien, multiplie les interventions militaires contre la guérilla du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), dirigée par Abdullah Öcalan. Le PKK combat les autorités turques depuis 1984 pour la création d’un État indépendant dans le sud-est anatolien, à majorité kurde, en recourant au terrorisme. En 1995, l’armée turque intervient au-delà de la frontière irakienne. En mars 1996, le gouvernement turc de Mesut Yilmaz annonce un changement de politique vis-à-vis des Kurdes, évoquant notamment la fin de l’interdiction de la langue kurde. Un mois plus tard, une nouvelle offensive militaire est menée contre le PKK. En février 1999, Abdullah Öcalan, chef du PKK, est arrêté à Nairobi (Kenya) par les services secrets turcs alors qu’il a trouvé refuge à l’ambassade de Grèce. En juin 1999, à l’issue d’un procès pour trahison, il est condamné à la peine de mort, peine confirmée par la Cour de cassation en novembre 1999, l’affaire ayant été depuis transmise à la Cour européenne des droits de l’homme. Peu auparavant, en septembre 1998, le parti démocratique du Kurdistan (PDK) et l’Union patriotique du Kurdistan (UPK) ont signé, sous l’égide des États-Unis, un accord en vue de mettre fin aux combats qui les opposent dans le nord de l’Irak et de préparer l’élection d’une assemblée régionale pour l’ensemble du Kurdistan irakien.

 

 

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